| Resumo | Ce projet de panel est né d’une discussion critique autour de la consommation d’ayahuasca au cours un terrain. Si ce genre d’expériences fait souvent l’objet de conversations informelles dans le monde de la recherche, elles ne sont publiées que sous la plume d’auteurs en quête de participation radicale et d’expériences extatiques. De façon à prendre nos distances avec la logique de conversion qui sous-tend ces publications, nous souhaitons explorer les puissances de subversion de certaines expériences de terrain.
Comment parler des expériences qui ont exposé l’ethnographe, non pas à des révélations, mais à des incertitudes, des troubles, des amusements, des séductions, qui l’ont encouragé à agir ou réfléchir différemment à des questions précises, à s’ouvrir aux dimensions contingentes ou parfois contradictoires de la réalité sociale? Comment ses expériences subvertissent-elles aussi l’image idéelle de l’« informateur », ou les identités (culturelles, sociales, genrées, etc.), de ses hôtes, au profit d’une compréhension de leurs propres incertitudes, troubles, etc.
S’il est vrai que « la science donnerait toute l’unité rationnelle à laquelle elle aspire pour un petit bout du chaos qu’elle pourrait explorer » (Deleuze et Guattari, Qu’est-ce que la philosophie?), nous voulons faire le pari de rechercher la valeur anthropologique de l’anecdotique, de l’inédit, éliminé par le travail de généralisation et de hiérarchisation des données. L’anecdote subvertit la fiction d’une voix académique transcendante, et ouvre à une anthropologie inversée, donnant lieu à une forme d’inter-subversivité, que le processus de publication rend bien souvent inaudible.
Nous encourageons les anecdotes personnelles de chercheur (qui auraient une valeur subversive dans le sens défini ci-dessus), les anecdotes de personnes occupant ordinairement le rôle de l’ « hôte », ainsi que les textes co-écrits, venant troubler la relation entre « hôtes » et « chercheurs ».
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